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Nos experts se prononcent sur les facteurs ESG
Quel sera le facteur ESG le plus important en 2023? Nous avons posé la question à nos experts de ESG 101. Découvrez leurs points de vue et leurs analyses ci-dessous.
L’Initiative canadienne de droit climatique
Les investisseurs, les clients, les actionnaires, les autorités et le public exercent des pressions croissantes sur les entreprises pour qu'elles rendent des comptes relativement aux changements climatiques, en insistant de plus en plus sur la biodiversité.
Les produits et services des entreprises, notamment des secteurs de l'alimentation, des boissons, de l'agriculture et de la construction, sont tributaires des ressources naturelles. Selon le groupe de travail sur l'information financière liée à la nature (Taskforce on Nature-related Financial Disclosures), plus de la moitié de la production économique mondiale, soit une valeur économique générée de 44 billions de dollars américains, dépend de la nature.
Une entreprise qui affiche un bilan positif en matière de biodiversité peut rehausser sa réputation, accroître sa productivité et sa résilience, et créer une plus-value. Inversement, un recul de la biodiversité peut nuire à ses chaînes d'approvisionnement et entraver ses activités.
Compte tenu de l'évolution de la réglementation et des attentes de la société, les risques commerciaux liés à la biodiversité sont appelés à s'intensifier. Les entreprises et les institutions financières doivent chercher à mieux comprendre les répercussions que peuvent avoir la biodiversité et le capital naturel sur leur stratégie, leurs activités et leur rendement financier.
Le monde progressant vers une économie carboneutre, les entreprises se devront de rendre des comptes sur les mesures qu'elles prennent en matière de la biodiversité, qu'il s'agisse de la favoriser ou de limiter son érosion. Le temps est venu pour les directions d'entreprises de prendre en compte et de gérer, en plus des risques financiers liés aux changements climatiques, les risques liés à la biodiversité.
Creative Fire
Nous savons qu'il ne faut pas confondre facteurs ESG et durabilité. On entend par facteurs ESG les risques environnementaux, sociaux et liés à la gouvernance, dont la bonne gestion peut faire croître la valeur de l'entreprise. Cela dit, on les confond souvent avec le concept de durabilité, que la Commission Brundtland des Nations Unies a défini comme « la satisfaction des besoins des générations présentes sans compromettre la capacité des générations futures à satisfaire leurs propres besoins ». À Creative Fire, nous croyons qu'il est du devoir des entreprises de gérer les risques ESG avec la visée de contribuer à une réelle durabilité multigénérationnelle.
C'est ici qu'entre en jeu la gestion axée sur la durabilité contextualisée. Cette vision du développement durable des entreprises prend en compte les seuils environnementaux, sociaux et économiques mondiaux dans la définition des priorités et la gestion des divers aspects de la durabilité. Quel effet aurait un objectif de réduction timide des émissions de carbone d'une année à l'autre s'il ne s'inscrit pas dans la visée plus large de limiter le réchauffement climatique à deux degrés Celsius et d'éviter les effets les plus catastrophiques de la crise climatique? À quoi bon se donner des cibles de recrutement de personnes des Premières Nations un iota plus ambitieuses que celles de la concurrence si on ne s'engage pas à soutenir la réconciliation par des efforts concertés de recrutement et d'avancement des talents autochtones?
Les normes de la Global Reporting Initiative contextualisent en partie la durabilité dans le processus de détermination de l'importance relative; par contre, les orientations pratiques sont insuffisantes. Une avancée encourageante a été la publication récemment des Sustainable Development Performance Indicators (indicateurs de performance de développement durable) de l'Institut de recherche des Nations Unies pour le développement social, le premier cadre intégrant des seuils environnementaux et sociaux dans les rapports sur la durabilité. Ce n'est qu'avec le temps qu'on verra dans quelle mesure l'approche sera préférée à la pléthore d'autres options.
Il faut absolument que les approches ESG s'inscrivent dans les besoins plus larges de la durabilité. Comme le montre le modèle du beigne de Kate Raworth, elles doivent servir à maintenir les fondements de la société tout en respectant les limites des ressources planétaires. Les entreprises, et l'humanité, en dépendent.
SOOP Strategies
À l'aube de 2023, la décarbonisation est au cœur de l'action ESG des entreprises. La réduction des émissions de type 1 et 2, et la détermination, la quantification et la planification en vue de la réduction des émissions de type 3 seront une priorité, d'autant que la réglementation se resserre et que les investisseurs exigent des rapports plus exhaustifs, une plus grande action et un meilleur rendement.
Avec le nombre croissant d'entreprises qui produisent des rapports sur les changements climatiques, par exemple selon le cadre du Groupe de travail sur l'information financière relative aux changements climatiques (TCFD), le simple fait d'établir un point de référence motivera à tout le moins les entreprises à agir, avec l'obligation de présenter des plans de décarbonisation.
Le nombre d'entreprises et de pays qui adoptent des cibles de carboneutralité augmentant, les divers intervenants qui demandent des plans concrets pour atteindre ces cibles exerceront aussi une pression accrue, ce qui poussera les entreprises à chercher des solutions novatrices et efficaces pour décarboniser leurs activités et leurs chaînes d'approvisionnement.
Du point de vue de la gouvernance, les investisseurs et le public exigeront encore plus de mesures en matière de diversité, équité et inclusion au sein des conseils d'administration, non seulement relativement au genre, mais aussi à l'âge et aux PANDC (personnes autochtones, noires et de couleur).
Les entreprises perspicaces reconnaissent les bienfaits de la diversité de l'expérience et des points de vue au sein des conseils pour combattre la « pensée de groupe » et pour ouvrir la voie à une meilleure planification des risques et des possibilités, et à des solutions novatrices et efficaces. La diversité, l'équité et l'inclusion ce ne sont plus que de simples options; elles seront probablement mises de l'avant par la réglementation, à l'instar de la lutte contre les changements climatiques.
Manifest Climate
La communication de l'information sur les changements climatiques et la durabilité continue de progresser. Autrefois un sujet marginal, l'information alignée sur les normes du Groupe de travail sur l'information financière relative aux changements climatiques (TCFD) fait désormais partie intégrante du cycle de production des rapports annuels. En 2023, les obligations d'information alignées sur les normes du TCFD prendront effet dans un plus grand nombre de territoires et s'appliqueront à un éventail élargi de sociétés fermées et ouvertes.
Qui plus est, les investisseurs et autres intervenants examineront cette information avec une rigueur accrue. Les entreprises ne pourront plus traiter l'information conforme aux normes du TCFD comme une simple liste d'épicerie. Elles devront plutôt pouvoir démontrer par leurs déclarations qu'elles ont un plan pour lutter contre le risque climatique et exploiter au maximum les possibilités à ce chapitre. Ces plans doivent être étayés par des analyses de scénarios climatiques pertinentes ainsi que des paramètres et des cibles climatiques courants.
De plus, l'information climatique doit être crédible, conforme aux pratiques exemplaires émergentes et vérifiée par de tierces parties compétentes, si possible. Cela découle du fait que les investisseurs recherchent de plus en plus d'information climatique pouvant orienter leurs décisions d'attribution de capital.
Association pour l’investissement responsable
Notre dernière étude, dans le Rapport de tendances de l'investissement responsable canadien 2022, brosse le portrait du secteur de l'investissement responsable à un stade important de son évolution. Au fil de l'évolution du secteur, le perfectionnement et l'amélioration de la clarté de l'information sur l'investissement responsable et les facteurs ESG seront au cœur des conversations des investisseurs et des développements du secteur en 2023.
Les groupes canadiens et mondiaux concentreront leurs efforts sur l'affinement et l'harmonisation des définitions, taxonomies, normes et déclarations ESG liées à l'investissement responsable en vue d'offrir une information sur les marchés plus claire. Ainsi, les investisseurs pourront agir sur les questions capitales, comme la lutte aux changements climatiques, le rapport indiquant que celle-ci s'est hissée au premier rang des moteurs de croissance de l'investissement responsable au Canada. Bien que la réduction des risques demeure la principale motivation menant à la prise en compte des facteurs ESG dans les investissements, les investisseurs demandent clarté et certitude pour investir en toute confiance.
Avec l'arrivée de normes comme celles de l'International Sustainability Standards Board (ISSB), la précision des définitions découlant de nouvelles taxonomies et l'imposition d'obligations d'information, l'avenir de l'investissement responsable s'écrit aujourd'hui. Il est donc essentiel de bien faire les choses.
En 2023, l'Association pour l'investissement responsable soutiendra les avancées dans le domaine en continuant de collaborer avec ses membres, les investisseurs, les décideurs, les autorités de réglementation et autres chefs de file et acteurs du secteur.
Coeuraj
L'année 2023 est l'année des facteurs sociaux et d'une plus grande collaboration. Les facteurs ESG offrent toujours un large éventail de paramètres utiles aux entreprises qui veulent lutter contre les changements climatiques et tirer parti des pratiques commerciales équitables et durables génératrices de valeur. Ces dernières années, les facteurs environnementaux ont attiré l'essentiel de l'attention du public et des investisseurs.
Il n'en reste pas moins que lutter contre les changements climatiques n'est pas qu'une question environnementale, car il s'agit d'un défi fondamentalement humain qui appelle des solutions à échelle humaine et une collaboration généralisée. Il devient évident pour les chefs d'entreprise que les progrès sont impossibles si les personnes qui sont porteuses des changements, des employés mêmes aux membres de la communauté, ne sont pas réellement prises en compte et impliquées.
En 2023, les entreprises se devront d'agir concrètement concernant les questions et situations sociales qui les impliquent, qu'il s'agisse de faire valoir les valeurs qu'ils ont en commun avec les communautés touchées par leurs décisions et activités ou le traitement juste des travailleurs pour une « transition équitable », et d'assurer la vitalité et la diversité de leurs chaînes d'approvisionnement en contexte de crises sociopolitiques et financières.
Mesurer concrètement l'impact social et connaître la réelle ampleur du risque social a toujours été difficile. Par contre, les chefs d'entreprise ont une réelle ouverture en 2023 pour faire avancer les questions sociales.
Sur fond de tendances environnementales inquiétantes, la COP27 s'est terminée sur une note ferme : la lutte aux changements climatiques requiert la collaboration, l'imputabilité et la transparence des acteurs du privé qui sauront convertir les engagements en actions.
À plus d'un égard, l'année 2023 s'annonce comme l'année des facteurs sociaux et ouvre la voie aux entreprises pour faire avancer résolument la collaboration avec les groupes issus de la diversité pour surmonter les défis complexes que l'année qui vient ne manquera pas de soulever.